Mali : le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale, a invité le 12 janvier 2023 les partis politiques à une réunion préparatoire en vue du référendum sur la nouvelle Constitution. Un avant-projet avait été présenté il y a trois mois, qui doit être soumis aux citoyens maliens en mars prochain. Mais le texte, dont certains points suscitent le débat, n’est pas encore finalisé et les partis politiques restent divisés sur l’opportunité même de changer de Constitution.
Sur les 281 partis politiques auxquels le gouvernement avait demandé des suggestions, seuls 50 ont répondu à l’appel, selon le compte rendu du journal d’État malien L’Essor. Sollicité par RFI sur le contenu des échanges, le ministère malien de l’Administration territoriale n’a pas donné suite.
Les partis les plus radicalement opposés à l’adoption d’une nouvelle Constitution, et qui réclament l’abandon de ce projet, ont boycotté la rencontre.
Ce n’est pas le cas de Nouhoum Togo. Le président de l’USR (Union pour la sauvegarde de la République), qui soutient les autorités maliennes de transition, souhaite une finalisation rapide du texte, censé être soumis aux Maliens en mars prochain. Les propos du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale, lui ont donné pleine satisfaction : « Il nous a rassurés sur le fait que le travail est en train de se faire, avec beaucoup de responsabilité. La question est tranchée, pas question d’y revenir : nous allons partir au référendum. » Les Maliens seront-ils consultés en mars, comme le prévoit le chronogramme électoral des autorités ? « Mars ou pas mars, nous sommes en train de faire les réglages, souligne Nouhoum Togo. Nous en avons discuté. La date de mars n’est pas forcément une date fétiche, nous pouvons réaménager le calendrier, mais rapidement il faut aller aux élections référendaires. »
« Est-ce que le contexte s’y prête ? »
Le parti Yelema est, quant à lui, bien plus réservé sur l’opportunité d’adopter une nouvelle Constitution. Et c’est ce qu’a exprimé son président Youssouf Diawara lors de la rencontre. « Nous sommes dans l’impasse, dans ce contexte actuel d’insécurité, affirme-t-il. Aujourd’hui, une partie du territoire est occupée et l’ensemble des citoyens n’a pas la capacité de s’exprimer. Donc, ça nous met dans une situation pas très confortable. Mais il faut reconnaître aussi que les défis actuels nous recommandent d’évoluer. Maintenant, est-ce que le contexte s’y prête ? »
L’avant-projet de texte présenté en octobre dernier avait suscité de nombreuses réactions de la part de plusieurs autres partis maliens : soutien ou opposition au principe de laïcité, interrogations sur les nouvelles prérogatives du président de la République, place des langues nationales… Les partis qui ont participé à la rencontre ont pu exprimer leurs préoccupations respectives, dans le but de dégager des points de consensus.
Une commission de finalisation du projet constitutionnel a été créée le 19 décembre dernier par décret présidentiel. Ses membres n’ont pas encore été nommés.