Ce proche de Marine Le Pen est soupçonné d’avoir commis des irrégularités accréditant la piste de l’emploi fictif de certains assistants d’eurodéputés FN au Parlement européen
Nicolas Crochet n’est pas seulement un personnage-clé du Front national. Il est omniprésent dans les affaires qui valent au parti frontiste des ennuis judiciaires. Déjà mis en examen, et renvoyé en procès, dans le dossier du financement des campagnes électorales de 2012, ce vieil ami de Marine Le Pen se retrouve au cœur du scandale à 1,1 million d’euros l’an, lié aux soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires FN au Parlement européen.
Celui qui exerce, depuis des années, dans une discrétion entretenue, la double fonction d’expert-comptable et de commissaire aux comptes pour la galaxie FN apparaît comme la cheville ouvrière de ce possible système de détournement d’argent public, commis au préjudice de l’Union européenne depuis 2014. En tant que tiers payant du FN au Parlement européen, c’est lui qui, à la tête du cabinet Amboise Audit, a établi les contrats de travail des assistants parlementaires « locaux » des eurodéputés frontistes – ceux qui travaillent sur le sol français, et non à Bruxelles ou à Strasbourg. Lui encore qui a organisé le paiement de leurs salaires, une fonction qu’il continue à tenir.
Or, les conclusions de l’enquête conduite par le Parlement européen – transmises à la justice française – sont accablantes, ainsi qu’a pu le constater Le Monde. Les documents contractuels fournis par l’expert-comptable présentent des irrégularités « de fond et de forme », dont des incohérences de tâches et de dates, accréditant la piste de l’emploi fictif de certains assistants qui travailleraient en réalité pour le FN à Nanterre. Et Nicolas Crochet ne s’est pas acquitté des « obligations fiscales et sociales » attachées aux contrats. Parmi les manquements constatés : des retards dans les déclarations préalables à l’embauche des assistants, de six mois en moyenne, l’absence de justificatifs de paiement des cotisations sociales ou la présentation de justificatifs falsifiés.
Source:lemonde.fr