Pêches : Un rapport terrifiant de l’Ecofin sur le pillage de nos ressources halieutiques , Un manque à gagner annuel de plus de 1500 milliards CFA/an pour les économies des pays braqués. Une criminalité maritime internationale à laquelle le ministre de la Pêche, Pape Sagna Mbaye, entend mettre fin à travers une hausse de 250 % sur les redevances des licences. Un mois après, l’histoire semble donner raison à la fois au « Témoin » et au ministère de la Pêche suite à un rapport terrifiant de l’Agence Ecofin (Genève) révélant que 20 % des poissons pêchés illégalement dans le monde proviennent de six pays d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal.
Selon les résultats de cette enquête d’Ecofin, une agence spécialisée en information économique basée à Yaoundé et à Genève, 20 % des poissons pêchés illicitement dans le monde proviennent des eaux territoriales de six pays d’Afrique de l’Ouest à savoir la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée et la Sierra Léone. Il s’agit d’espèces de qualité à haute valeur commerciale à l’international comme le thiof, le poulpe, le thon, la dorade, la sole, les crevettes et la sardinelle. Ce pillage à grande échelle a provoqué un manque à gagner de plus de 1500 milliards CFA au détriment du Trésor public des pays braqués dont le Sénégal.
Le rapport de l’Agence Ecofin déplore que les chalutiers chinois profitent de la faiblesse de nombreux Etats africains pour racler illégalement les fonds marins. «Un désastre tant économique qu’écologique face auquel les gouvernements africains sont impuissants en raison de leurs moyens de surveillance limités ou du fait de leur dépendance aux financements de Pékin » lit-on. Selon toujours l’Ecofin, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) pénalise non seulement les économies des six pays concernés mais aussi la pêche artisanale et les millions de familles qui en vivent.
Encore une fois, dans les six pays ouest-africains (y compris le Sénégal) dont les ressources halieutiques sont les plus pillées à l’échelle mondiale, le manque à gagner est estimé à environ 2,3 milliards de dollars par an soit plus de 1500 milliards CFA. De plus, ce pillage à grande échelle entraîne la destruction de quelque 300 000 emplois. « Parce que la flotte chinoise de pêche en eaux lointaines se compose notamment de gros chalutiers et de palangriers. Si l’empire du Milieu n’est pas l’unique pays du monde à pratiquer la pêche illicite, c’est l’échelle et le mode opératoire de la flotte chinoise qui représentent une cause majeure de destruction des écosystèmes marins. Pékin ne revendique officiellement qu’une flotte de pêche en haute mer de 2500 navires mais des études sérieuses menées par des ONG avancent le chiffre de plus de 18 000 gros bateaux de pêche chinois qui sillonnent les océans et les mers à travers le monde » révèle l’Ecofin dans son rapport parcouru par « Le Témoin ».
Les chinois en chefs de gang….
A titre d’exemple, les navires « Yu Feng 1, 3 et 4 » battent le pavillon chinois quand ils sont dans les eaux internationales, avant d’opérer sous pavillon ghanéen quand ils pêchent dans la zone économique exclusive (ZEE) du Ghana » expliquent les enquêteurs maritimes relevant la méthode criminelle de ces navires braqueurs. En Afrique de l’Ouest, lit-on encore dans le rapport, les reporters du réseau Ij–Reporta ont part constaté que les chalutiers chinois qui pratiquent la pêche illégale sont également impliqués dans d’autres activités illicites comme le trafic d’espèces animales africaines utilisées dans la médecine chinoise et dans la fabrication de fentanyl, un puissant opioïde synthétique dont l’usage détourné comme drogue provoque souvent des overdoses et des décès.
L’impuissance et la complicité des gouvernements dénoncées !
Le rapport de l’agence Ecofin précise que la pêche illicite pratiquée par la Chine ne se limite pas aux côtes mauritaniennes, sénégalaises, gambiennes, bissau-guinéennes et sierra léonaises. Elle touche également de nombreux pays côtiers du continent dont le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Namibie, la Côte d’Ivoire et le Liberia. « Dans la zone économique exclusive du Sahara occidental, des chalutiers et des palangriers battant pavillon chinois ont, par exemple, pêché pendant plus d’un million d’heures en 2022. Les Etats insulaires de l’Océan indien comme les Seychelles, l’Île Maurice et Madagascar ne sont pas en reste.
En conclusion, Ecofin rapporte que cette pêche illégale donne souvent lieu à des confrontations entre les pêcheurs africains et les équipages chinois. « En 2020, trois pêcheurs mauritaniens sont décédés lorsque leur pirogue fut percutée par un gros chalutier chinois. De nombreuses manifestations ont également été organisées ces dernières années par des communautés de petits pêcheurs au Sénégal, au Ghana, en Sierra Leone, en Guinée, au Nigeria, en Gambie et au Togo, pour protester contre la perte de leurs moyens de subsistance et les dommages environnementaux causés par la flotte chinoise de pêche en haute mer. A quelques rares exceptions près, les gouvernements africains sont impuissants dans la lutte contre ces activités illicites des navires chinois, soit parce qu’ils ne veulent pas compromettre les financements qu’ils reçoivent de Pékin, soit du fait des moyens de surveillance dérisoires dont ils disposent » indique l’agence spécialisée en informations économiques basée à Genève et à Yaoundé.