Tierno Monénembo : En Guinée, les autorités de la transition ont officiellement enclenché le processus du retour à l’ordre constitutionnel dans 24 mois, le 1er janvier 2023. Ce, conformément à l’accord qu’elles ont signé avec la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).
Si le chef de la junte, colonel Mamadi Doumbouya a pris des engagements de quitter le pouvoir au bout de ces deux ans, comme le stipule le chronogramme de la transition, Tierno Monénembo ne le croit pas sur parole. Interrogé par Africaguinee.com, l’auteur des « crapauds brousses » n’a pas caché son scepticisme sur la volonté de l’actuel dirigeant guinéen de céder son fauteuil à un civil. Le prix Renaudot soupçonne l’homme qui a renversé Alpha Condé de velléités de s’éterniser au pouvoir.
« Est-ce qu’il y a une transition en Guinée ? » s’interroge-t-il au bout du fil, avant de répondre : « Je ne pense pas du tout qu’il y a un projet de transition dans ce pays. Mamadi Doumbouya, cet homme est là pour rester. Il se comporte comme un roi, un chef, comme un président élu, il gère des questions qui ne lui reviennent pas. J’ai dit qu’on n’est pas dans une transition mais personne ne m’écoute.
Le rôle d’un gouvernement de la transition, c’est d’organiser les élections et quitter. Mais aujourd’hui il s’occupe des miniers, de la diplomatie et beaucoup d’autres choses parce qu’il n’a pas envie de quitter le pouvoir. Tout le monde sait mais l’hypocrisie guinéenne est tellement forte que chacun fait semblant de regarder ailleurs », regrette Thierno Saidou Diallo contacté par un journaliste d’Africaguinee.com.
Alors que déroulement du chronogramme semble patauger, l’Ambassade des États-Unis d’Amérique a lancé le week-end dernier, un compte à rebours pour le retour à l’ordre constitutionnel. Cette action a suscité la colère des autorités de la transition. Dans un communiqué au ton incisif, Dr Morissanda Kouyaté, le ministre des affaires étrangères et des Guinéens établis à l’étranger à sèchement recadrer la représentation diplomatique américaine à Conakry. Cette réaction que certains jugent disproportionnée, réconforte ceux-là qui accusent la junte de « vouloir confisquer le pouvoir ».
A suivre…