Togo, une nouvelle ville durable va être construite à la sortie nord-est de Lomé. Elle aura pour vocation de désengorger une capitale qui grandit trop vite et n’arrive pas à fournir à ses nouveaux habitants les infrastructures en eau ou électricité. Mais ici, c’est la débrouillardise qui s’impose.
Kléme-Agokpanu est un nouveau quartier à l’ouest de Lomé. Pour y arriver, une petite ruelle sinueuse traverse les bois, puis ensuite un sentier se perd au milieu des champs boueux et slalome dans les flaques d’eau en cette période de grandes pluies.
Il n’y a pas encore de raccordement officiel au réseau électrique, un problème majeur pour toutes les maisons récemment sorties de terre. Nicole vit là depuis décembre 2018 : « Quand je suis arrivée, j’ai dû demander à mes voisins s’ils pouvaient me permettre de me raccorder chez eux. Ils ont exigé une caution. Ensuite, ils ont effectué des dépenses pour acheter des poteaux. C’est pour nous qu’ils ont tiré des câbles jusque-là ».
Pour avoir du courant, les habitants ont recours au système D. Levez les yeux et vous verrez un incroyable enchevêtrement de câbles électriques. On appelle ça des « toiles d’araignées ». Elles étouffent peu à peu les maisons au point même de masquer totalement le ciel par endroit. Les habitants achètent des câbles qu’ils installent eux-mêmes sur des poteaux improvisés. « Là où les poteaux sont arrêtés, ils achètent les compteurs et ils les placent là-bas. Il y a des gens qui ont acheté 1 500 mètres, 3 000 mètres de câbles même avant d’avoir la lumière », témoigne Abdou, l’un des habitants.
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Urbanisation galopante
À Lomé, le nombre de constructions dépasse largement les prévisions officielles d’urbanisation. Outre l’électricité, cela pose aussi d’énormes problèmes pour l’eau ou l’assainissement. On voit aussi les conflits fonciers se multiplier car certains terrains sont parfois vendus deux ou trois fois à des acquéreurs différents.
La ville souffre d’une croissance très rapide. Le nombre d’habitants de Lomé est passé de 85 000, au moment de l’indépendance, à environ 2 millions aujourd’hui. Selon Assogba Guézéré, maître de conférences en géographie urbaine à l’université de Kara, les projections prévoient environ 3 millions d’habitants d’ici 2030 car « l’essentiel de l’économie se concentre dans la capitale ».
Les gens sont obligés d’aller à Lomé pour chercher du travail dans les services, parce qu’à Lomé, vous avez le port, l’aéroport, des marchés et des industries qui sont installées. Donc, ce sont ces emplois qui expliquent ce flux massif des populations vers Lomé avec tous ces problèmes d’emploi, ces problèmes de logement et de transports