Ukraine : Qui tient désormais Soledar ? Alors que le groupe russe de mercenaires Wagner a revendiqué mercredi 11 janvier son contrôle, Kiev a rapidement contesté l’information, renouvelant ses dénégations à plusieurs reprises dans la journée. En Russie, le sujet fait en tout cas la Une, et le patron des mercenaires Evgéni Prigojine pose plus que jamais en chef de guerre efficace.
C’est une communication millimétrée signée encore une fois Wagner. Ces derniers jours, manière évidente de préparer le terrain à une annonce, le patron du groupe paramilitaire répétait lui-même le message sur les réseaux sociaux : les opérations militaires contre les forces de Kiev à Soledar sont « exclusivement » celles de ses troupes.
Aux alentours de minuit heure de Moscou (9h TU) est sortie sur les chaines Telegram proches du groupe Wagner – puis relayée par les réseaux sociaux et sur quelques médias russes – une photo : Evgéni Prigojine en uniforme entouré de quelques hommes à lui, aux visages soit masqués soit flous, dans ce qui est présenté comme une des nombreuses mines de sel de Soledar.
Plus tard dans la matinée, via le service de presse de sa société Concord, il indiquait : « un chaudron s’est formé au centre de la ville, dans lequel se livrent des batailles urbaines ». Peu importe, le double message, à Kiev et ses alliés, à ses rivaux en Russie, est limpide : le patron du groupe Wagner peut se déplacer dans une zone sous surveillance depuis des mois, aux avants postes des combats, et être celui par lequel la potentielle première victoire arrive, après des mois de revers.
Soledar est situé à environ 75 km au nord de Donetsk et à environ 10 km au nord de la ville de Bakhmout, (appelée Artëmovsk en Russie).
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Le sujet est à la Une des médias russes depuis ce matin, mais prudence encore : à la mi-journée, la chaîne Perviy canal ouvrait ses éditions en disant qu’à Soledar, « tous les tunnels sont sous contrôle russe, les Ukrainiens se sont enfuis, mais certains sont encore encerclés dans le centre-ville ».
« Pas un tournant » ?
Dans son point quotidien, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov déclarait lui : « Attendons, ne nous précipitons pas. Attendons les déclarations officielles. Il y a une tendance positive là-bas. Mais le succès de l’opération militaire spéciale ne sera atteint que lorsque nous aurons rempli les objectifs fixés par le Commandant en chef suprême. Bien que les succès tactiques soient certainement très importants, ils ont un prix assez élevé, le prix de l’héroïsme fantastique de nos combattants. C’est donc une raison de plus pour nous d’être fiers de nos gars, qui n’épargnent ni leur vie ni leur santé pour nous offrir ces succès tactiques. »
Pour le très écouté correspondant militaire de la Komsomolskaya Pravda, Alexander Kots, nommé à la mi-novembre par décret de Vladimir Poutine au conseil des droits de l’homme, les éventuelles prises de Soledar et surtout de Bakhmout ne seraient de toute façon « pas un tournant » : « Il est important de sentir le goût de la victoire, lit-on dans son journal Komsomolskaya Pravda, mais la capture de Soledar [que le journal qualifie de « petite ville »], bien sûr, ne sera pas un tournant dans toute la campagne d’hiver de l’opération spéciale (…) la principale offensive », se prépare pour « ailleurs ».
Ces derniers jours, en Russie, il a fait très froid, plusieurs jours en dessous -20°C à Moscou, par exemple. Le sol a gelé, et tout le monde s’attend désormais à une relance des hostilités. Cette fois à l’initiative de l’armée officielle russe.