Côte d’Ivoire : Ce mercredi 7 décembre, c’était le troisième jour d’audience du procès de l’attentat de Grand-Bassam. 19 civils et 3 militaires sont morts le 13 mars 2016 lors d’une attaque revendiquée par Aqmi sur la cité balnéaire ivoirienne. Ce mercredi, les juges ont entendu Mohamed Cissé, une personne accusée d’avoir convoyé des armes de Bamako à Abidjan. Quatre témoins ont aussi été entendus, dont « K.S », un militaire qui a mené l’intervention.
Mohamed Cissé se présente comme un commerçant malien venu travailler en Côte d’Ivoire sur recommandation de son grand frère. Son voisin, un des coaccusés, lui aurait présenté Kounta Dallah, que la justice ivoirienne estime être le cerveau de l’attaque de Grand-Bassam.
Mohamed Cissé assure l’avoir vu à trois reprises, pas plus. Interrogé par le président de la Cour et le procureur, Mohamed Cissé est revenu sur sa visite avec trois autres coaccusés sur la plage de Grand-Bassam. Il a livré un court récit avec peu de détails et a répondu de manière évasive aux questions du procureur. Ce dernier a fini par s’interroger : « Vous êtes allé pour la première fois à Grand-Bassam comme un touriste et vous ne vous souvenez pas de Grand-Bassam ? ».
Son avocat, Me Éric Saki, a justifié cela par des problèmes d’incompréhension et a demandé l’intervention d’un traducteur pour que son client s’exprime dans sa langue. « Les enjeux sont énormes. Nous voulons éviter une erreur judiciaire », a-t-il déclaré. Cette requête a été rejetée par les juges qui estiment que les droits de l’accusé sont saufs. Il n’est pas apparu que l’accusé ne parlait pas suffisamment français, selon le président de la Cour.
« Ils utilisent bien le terrain et sont surentraînés »
Ensuite, c’est au tour des témoins d’être invités à la barre. Militaire des forces spéciales, l’un d’eux se surnomme « K.S ». Et le visage largement couvert par un masque chirurgical, il est venu témoigner de son intervention dans la station balnéaire ivoirienne le 13 mars 2016.
Newsletter
Recevez toute l’actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m’abonne
Ce jour-là, vers midi, les forces de sécurité sont alertées d’un braquage. En chemin, alors qu’il recoupe les informations par téléphone avec des témoins, ce militaire découvre peu à peu la nature de l’attaque. Une fois arrivée sur place, son unité a un objectif : « S’engager pour détourner le regard des terroristes qui tiraient sur les civils », raconte ce militaire formé pour la lutte contre le terrorisme.
D’après ce témoin, les assaillants étaient munis de kalachnikovs et tiraient sans arrêt. « Ils avaient une liberté de mouvement », se souvient ce militaire. « Ils utilisent bien le terrain et sont surentrainés », ajoute-t-il. Sa priorité à cet instant est de « les confiner sur un endroit » et d’« évacuer les blessés ».
Le premier tireur est abattu très rapidement. Le second, au bout d’une trentaine de minutes, et le troisième succombe à ses blessures au cours des échanges.
Plus de six ans après les faits, certains détails échappent à la mémoire des témoins comme les détails des visages des assaillants. Mais tous restent marqués par l’ampleur de cet attentat.
En tout, 18 personnes sont poursuivies pour « assassinat, tentative d’assassinat, actes de terrorisme, recel de malfaiteurs, coups et blessures volontaires par armes à feu, détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre ». Mais lors de ce procès, seuls quatre accusés sont physiquement présents.