Ce sera la rencontre au plus haut niveau entre des officiels turcs et américains depuis l’installation de l’administration Trump. Le secrétaire d’Etat Rex Tillerson est attendu à Ankara ce jeudi 30 mars, où il doit rencontrer le Premier ministre Binali Yildirim et le président Recep Tayyip Erdogan.
Le chef de la diplomatie américaine devrait surtout évoquer la question syrienne. Mais le pouvoir turc ne semble pas disposé à vouloir négocier ses positions, commente notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Les Etats-Unis se sont tenus bien loin de la crise diplomatique entre Ankara et les capitales européennes ces dernières semaines, sur fond de campagne référendaire, mais vu d’Ankara la nouvelle administration américaine reste un objet aux contours flous et le pouvoir turc attend de voir comment va réagir Washington sur les dossiers clés.
D’abord la demande d’extradition de l’imam Fethullah Gülen, cerveau présumé du putsch manqué en juillet dernier toujours installé aux Etats-Unis. Ankara espère que l’administration Trump sera moins réfractaire à son expulsion. Le nom de Fethullah Gülen revient d’ailleurs dans la presse depuis ce mercredi et l’arrestation aux Etats-Unis d’un haut cadre du géant bancaire turc Halkbank. Soupçonné par la justice américaine d’avoir enfreint les sanctions imposées par les Etats-Unis à l’Iran, le directeur général adjoint en charge de la gestion bancaire internationale de cette banque est actuellement en garde à vue à New York. Le Premier ministre turc a déjà prévenu qu’il aborderait ce sujet avec le secrétaire d’Etat américain. Selon la presse turque, il soupçonnerait le mouvement de Fethullah Gülen d’être responsable de cette arrestation.
Ensuite et surtout la question syrienne et son corollaire kurde, avec deux revendications turques : l’arrêt du soutien américain aux milices kurdes considérées comme terroristes par Ankara et la participation de la Turquie à la bataille de Raqqa. La coopération entre la Russie et la Turquie sur le front syrien devrait également être discutée. Avant de se rendre à Bruxelles, Rex Tillerson va certainement demander des clarifications à Ankara. Pour rappel, la Turquie est membre de l’Otan depuis 1952 et les accords qu’elle a avec la Russie pourraient être source de problème pour les autres Etats membres.
Source:rfi.fr