A Madagascar, un nouveau billet de 20000 ariary, environ 6 euros, fait son entrée ce lundi dans les porte-monnaie. «Une mesure pour s’adapter à la réalité économique et sociale du pays», indique la Banque centrale de Madagascar. Pour de nombreux économistes, ce nouveau billet est le signe que l’économie malgache ne se porte pas bien. D’ailleurs, cette mesure est loin de faire l’unanimité. Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas l’arrivée de cette grosse coupure alors que 90% des Malgaches vivent avec moins de deux dollars par jour.
Premiers réfractaires à la mise sur le marché de ces billets de 20 000 ariary, soit environ 6 euros, les entreprises de transport en commun. À 400 ariary le ticket de bus, certaines compagnies ont déjà fait savoir qu’elles n’accepteraient pas ces billets.
Une grosse coupure qui contrarie aussi les petits commerçants, comme Lalasoa qui vend des oignons sur le marché d’Analakely : « Je n’en vois vraiment pas l’utilité. Ça me dérange beaucoup même. Le problème, c’est que les clients vont venir payer avec un billet de 20 000 ariary alors que mes oignons je les vends 2 000 ariary le kilo. Ça va être très difficile de trouver de la monnaie parce qu’ici sur le marché personne ne voudra me faire du change et récupérer un billet de 20 000 ariary ».
Risque d’inflation
Natiana est vendeuse de légumes et elle partage cet avis : « Parfois, mes ventes ne me rapportent même pas 20 000 ariary par jour donc je ne vois pas l’intérêt. Déjà avec le billet de 10 000 ariary c’était difficile de rendre la monnaie aux clients ».
Augustin fait ses courses au jour le jour. Ses revenus ne lui permettent pas d’acheter en grande quantité : « Ce n’est pas du tout adapté. Vous voyez là, je vais juste acheter deux ou trois bananes à 200 ou 400 ariary ».
La Banque centrale de Madagascar indique qu’il ne s’agit pas d’une mesure de dévaluation de la monnaie nationale. Une déclaration qui ne rassure pas pour autant. Plusieurs économistes alertent sur le risque d’inflation et donc de baisse du pouvoir d’achat des Malgaches.