Morissanda Kouyaté : Le ministre guinéen des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des guinéens établis à l’étranger, n’admet certains clichés collés « à tort ou à raison » contre la Guinée. Ce vendredi 10 mars 2023, le chef de la diplomatie guinéenne s’est insurgé contre cette appréhension qui assimile la Guinée comme un pays où la traite des êtres humains est tolérée.
Présidant le lancement du cadre de concertation nationale pour la migration ce vendredi 10 mars 2023, le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des guinéens établis à l’étranger, a été amené à réagir sur le fléau lié à la traite des êtres humains en Guinée. A sa prise de parole, il a apporté des précisions.
« La Guinée n’est pas une terre de traite des êtres humains. Nous avons des traditions. Moi-même, je me suis battu contre beaucoup de traditions qui sont considérées par nos sociétés comme des valeurs, mais qui en réalité, violent les droits des êtres humains. La globalisation des droits humains se passe partout. Nous nous sommes mis ensemble dans le monde à travers les Nations unies pour fixer des droits. Ces droits doivent être respectés par tous les pays. Et c’est tout le travail que chacun doit faire pour se conformer aux droits humains. Je prendrai l’exemple sur un cas que je connais : lorsqu’une femme est accompagnée dans le village, elle vient toujours avec une petite sœur qui l’aide dans certains travaux. Cela paraît normal. Mais entre-temps, elle ne va pas à l’école, or c’est son droit d’aller à l’école. Vu du côté de la tradition, c’est normal, on l’a fait depuis des siècles, mais vue du côté des droits humains, c’est le contraire », s’est défendu Morissanda Kouyaté.
En 2022, l’Office guinéen de protection du genre et des mœurs (ORPOGEM) a interpellé 181 personnes pour des faits de traite de personnes. Le ministre estime qu’un travail d’ensemble doit être fait pour sensibiliser les populations sur ces pratiques.
« Ce travail doit être fait, mais cela ne veut pas dire que la fille qui vient accompagner sa sœur, est victime de la traite des êtres humains. Si on qualifie ça de traite des êtres humains déjà, on se trompe sur toute la ligne. Je connais des pays qui au-delà de traite des êtres humains, il y a même l’esclavage. Mais en Guinée, non ! Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas être vigilants, au contraire… Toutes ces traditions qui frôlent les violations des êtres humains doivent être analysées et corrigées », a suggéré le ministre.
A suivre…