Au Tchad, dimanche agité hier au dialogue national inclusif ouvert il y a une semaine. À l’origine la désignation du présidium qui doit diriger les travaux de ce forum censé permettre au Tchad de renouer avec l’ordre constitutionnel. Mais à l’annonce de la liste du présidium dirigé par l’ancien opposant à Déby père, Gali Nghoté Gata, plusieurs participants ont vivement protesté, certains dénoncent une supercherie et annoncent qu’ils ne participeront plus au dialogue.
La dizaine d’ordres professionnels qui participe au dialogue a décidé de se retirer après la proclamation de la liste du présidium dimanche soir estimant que le processus n’a pas été correct.
Dans la foulée, plusieurs personnalités, responsables de partis politiques et associations ont menacé de quitter le forum qui se veut inclusif et souverain. C’est le cas de l’ancien député Ngarlejy Yorongar et de l’ancien président de la ligue tchadienne des droits de l’homme, Enoch Djondang, rapporte notre correspondant à Ndjamena,Madjiasra Nako « Le gouvernement sera responsable devant dieu et devant la nation de ce qui arrivera », prévient aussi l’entente des églises protestantes. Les Églises et missions évangéliques menacent de suivre le mouvement.
L’ancien ministre Siddick Abdelkerim Haggar, à la tête d’une coalition d’une centaine de partis politiques et associations, annonce qu’il rejoint les Transformateurs et Wakit Tamma, les deux principales organisations qui refusent depuis le début de participer au dialogue. « Nous leur donnons raison. Nous leur disons que nous sommes désormais avec eux. Nous allons agir ensembles pour bâtir ce Tchad nouveau », a lancé l’ancien ministre.
C’est ensuite au tour des aînés et des religieux, qui ont initié il y a une semaine une médiation entre contestataires et soutiens du dialogue, de constater l’échec de leur initiative. Cette médiation a pour membres l’ancien président Goukouni Weddeye, l’archevêque de Ndjamena Edmond Djitangar et comme porte-parole l’universitaire Baniara Yoyana : « Le groupe des religieux et des aînés se réunit ce jour 29 août 2022 et constate avec regrets que son appel et ses propositions n’ont pas été prises au sérieux ».
Ce matin, c’est le patronat qui s’est exprimé dans un communiqué, dans lequel il demande une suspension des travaux, selon notre envoyé spécial à Ndjamena, Sidy Yansané. Il déplore aussi une insuffisance d’inclusivité et de consensus, et en appelle directement au président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, afin qu’il intervienne pour rétablir la sérénité et le consensus dans le dialogue.
Alors des négociations en coulisses seraient toujours en cours. Les mécontents se disent prêts à rejoindre le palais du 15-Janvier cet après-midi à 16h, où se déroule le dialogue national, à condition d’invalider le présidium présenté dimanche, et que le Comité d’organisation se retire définitivement des débats.
Lundi soir, le comité d’organisation du dialogue annonçait qu’il remettrait, ce mardi, la gestion des affaires au présidium désigné dimanche soir.