Pakistan : Le dernier bilan des inondations au Pakistan fait état de 1 136 morts. Le pays connaît depuis mi-juin des pluies de mousson dévastatrices et certains hôpitaux ont vu le nombre de leurs patients augmenter de 70% ces dernières semaines.
Avec notre envoyée spéciale à Sukkur, Sonia Ghezali
Le Dr Nasrullah Soomro est à la tête de l’hôpital civil de Sukkur, dans le sud du Pakistan. Un hôpital sur la ligne de front des inondations particulièrement meurtrières dans la province du Sind. Le médecin s’approche d’un lit. Le patient a un bras bandé, car l’homme travaillait lorsque les pluies diluviennes ont fait céder la bâtisse.
« Vous êtes-vous évanoui lorsque le toit est tombé ? », demande le médecin. « Non, je ne me suis pas évanoui, je n’ai pas compris ce qui se passait », lui répond le patient. « Comment vont vos collègues ? », poursuit le médecin. « L’un d’eux va bien ». Mais l’autre, « qui a été blessé et qui a été transporté », en « est mort ».
Le spectre des épidémies
Le personnel médical intervient auprès des blessés mais le Dr Nasrullah Soomro est particulièrement préoccupé par d’autres conséquences liées aux pluies diluviennes. « En raison des pluies abondantes qui ne cessent de tomber, de nombreuses maladies font leur apparition, explique-t-il. Nous avons des cas de paludisme et nous craignons qu’une épidémie de choléra ne se déclare. À cela s’ajoute la promiscuité dans laquelle vivent les rescapés qui s’entassent dans des camps et des abris. Vu ces conditions, on s’inquiète par rapport au Covid-19. On craint que le virus se répande parmi les survivants. On fait de notre mieux pour faire face à tout cela, on travaille en coordination avec les autorités locales pour faire front et intervenir du mieux que l’on peut. »
Un tiers du territoire est sous les eaux, a déclaré lundi 29 août dans un entretien avec l’AFP la ministre du Changement climatique Sherry Rehman, évoquant une « crise aux proportions inimaginables » tandis que le Premier ministre a parlé de pluies de mousson « sans précédent depuis 30 ans ». Et près de 33 millions de personnes sont affectées par les inondations. Une eau qui stagne et qui fait pourrait être à l’origine d’une crise sanitaire, craignent de nombreux médecins.
Plus de 10 milliards de dollars nécessaires pour la reconstruction
Le Pakistan aura besoin de plus de 10 milliards de dollars pour réparer les dégâts et reconstruire les infrastructures endommagées, a indiqué mardi 30 août à l’AFP le ministre de la Planification et du Développement. « Des dégâts massifs ont été causés aux infrastructures, en particulier dans les secteurs des télécommunications, des routes, de l’agriculture et des moyens de subsistance », a déclaré Ahsan Iqbal.
Au total, plus 800 000 têtes de bétail ont été tuées et 80 000 hectares de terres agricoles ravagées. Par ailleurs, plus de 3 400 kilomètres de routes et 157 ponts ont été emportés par les eaux.