Les Palestiniens à Gaza parlent d’un « massacre terrible » et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, accuse Israël de « génocide des Palestiniens ».
Selon la Défense civile de la bande de Gaza, un organisme sous contrôle du Hamas, ce sont trois frappes successives qui ont visé l’établissement scolaire, précise notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Les frappes ont touché l’ « école Al-Tabai’een, dans le secteur d’Al-Sahaba à Gaza-Ville », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. L’attaque a provoqué un incendie et les recherches d’éventuels survivants sous les décombres sont toujours en cours, selon les sources palestiniennes.
Nos équipes de secours ne sont pas en mesure de reconstituer un corps entier à partir des restes humains. La scène est extrêmement difficile, honnêtement, c’est un massacre. Et ça nous rappelle les premiers jours de la guerre dans la bande de Gaza.
L’école al-Tabi’een est l’un des abris du centre de Gaza-ville, qui accueille environ 250 personnes déplacées, dont plus de la moitié sont des enfants et des femmes, selon des sources de médias du gouvernement du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza.
L’armée israélienne affirme de son côté avoir « frappé avec précision des terroristes du Hamas qui officiaient au sein d’un centre de commandement et de contrôle du Hamas placé dans l’école Al-Tabai’een ». Ce centre servait de « repaire aux terroristes et aux commandants du Hamas », à partir duquel diverses attaques étaient planifiées et préparées contre l’armée israélienne, selon le communiqué. L’armée israélienne affirme encore avoir utilisé des munitions précises et avoir pris d’autres mesures pour éviter de toucher des civils. Elle a aussi indiqué dans un communiqué avoir éliminé « au moins 19 terroristes du Hamas et du Jihad islamique ».
Après cette nouvelle frappe, le Hamas dénonce une « dangereuse escalade » et le Qatar demande une « enquête internationale urgente ». Le ministère des Affaires étrangères a réclamé dans un communiqué « l’envoi d’enquêteurs indépendants de l’ONU afin de mener des investigations sur le ciblage continu par les forces d’occupation israéliennes d’écoles et d’abris pour les personnes déplacées ».
Le parti Hezbollah libanais, pro-iranien et proche allié du Hamas, a déclaré que « ce que le gouvernement ennemi a fait confirme (…) que parler d’un cessez-le-feu et fixer de nouvelles dates pour des négociations n’est rien d’autre que des mensonges et des tromperies qui ne tromperont pas le peuple palestinien, ses factions de résistance et les fronts de soutien ».
Jeudi, les trois pays médiateurs, Qatar, États-Unis et Égypte, ont appelé à la reprise, le 15 août, des discussions indirectes en vue d’une trêve, indiquant qu’un accord-cadre était « maintenant sur la table, et qu’il ne manquait que les détails de son application ». Israël a accepté d’envoyer « le 15 août une délégation de négociateurs à l’endroit qui sera convenu pour conclure les détails de concrétisation d’un accord », a annoncé le Premier ministre, Benyamin Netanyahu.
Au sud, Khan Younès toujours sous le feu israélien
L’armée israélienne a déclaré vendredi être engagée dans des combats « au sol et souterrains » dans la région de Khan Younès, la grande ville du sud du territoire réduite en ruines, où des frappes aériennes ont visé « plus de 30 cibles terroristes du Hamas ». Elle avait appelé jeudi la population à évacuer des quartiers de l’est de la ville. Poussés encore une fois sur les routes, des foules de civils ont fui à pied, en voiture, entassés sur des remorques avec matelas et bagages.
Le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a estimé vendredi « qu’au moins 60 000 Palestiniens se sont déplacés vers l’ouest de Khan Younès au cours des 72 dernières heures », après également des ordres d’évacuation dans le nord du territoire. Les différentes phases de la guerre menée par Israël à Gaza entraînent d’incessants déplacements d’une population démunie et vulnérable.
Les écoles, qui abritent des déplacés, sont souvent la cible de l’armée israélienne comme l’école al-Awda d’Abassan, à l’est de Khan Younès ; Khadija à Deir al-Balah ; l’école de l’Unrwa à Nousseirat, etc. Jeudi, la Défense civile de Gaza avait rapporté que des frappes israéliennes sur deux écoles de Gaza-Ville, Al-Zahra et Abdel Fattah Hamoud, avaient fait 18 morts. L’armée israélienne avait également affirmé que ces établissements abritaient des centres de commandement du Hamas.
Une multiplication des condamnations à l’international
L’Iran a condamné un « crime de guerre » commis par l’armée israélienne. Cette attaque a « prouvé une fois de plus que le régime d’apartheid d’Israël ne respecte aucune des règles et régulations du droit international ni les principes moraux et humains », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.Le ministère turc des Affaires étrangères dénonce un « nouveau crime contre l’humanité d’Israël ». Il dénonce « une fois de plus » la volonté du Premier ministre Benyamin Netanyahu « de saboter les négociations sur un cessez-le-feu ».
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borell s’est dit « horrifié ». « Au moins 10 écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n’y a pas de justification à ces massacres », a-t-il écrit sur X.
La France a « condamné (…) avec la plus grande fermeté » cette frappe israélienne, tout comme l’Espagne ou le Royaume-Uni. « Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable », s’indigne le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, rappelant « que le respect du droit international humanitaire s’impose à Israël ».
Le ministère russe des Affaires étangères a indiqué que « Moscou est profondément choquée par ce qui s’est passé ». « Nous constatons avec regret que de telles frappes dans la bande de Gaza, qui font des victimes civiles, sont systématiques (…) Nous pensons qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir aucune justification à ces attaques ». Les États-Unis se sont dits « profondément préoccupés » après cette frappe israélienne meurtrière, qui a provoqué un tollé international. « Cela montre l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accord sur les otages, pour lesquels nous continuons à travailler sans relâche », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Savett, assurant que Washington demandait aux responsables israéliens « plus de détails » sur cette frappe.
Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a posté sur X : « Je suis sans voix. Combien de femmes et d’enfants perdront encore la vie avant un cessez-le-feu ? L’horreur que subissent les civils de Gaza doit cesser. »
8 août : des avions israéliens ont bombardé les écoles Abdul Fattah Hamouda et Zahra dans le quartier d’al-Tuffah, à l’est de la ville de Gaza, causant la mort de 17 civils, 16 disparus et des dizaines de blessés, dont des enfants et des femmes.
4 août : des avions de guerre israéliens bombardent les écoles al-Nasr et Hassan Salameh dans le quartier al-Nasr à l’ouest de la ville de Gaza, tuant 30 Palestiniens et en blessant 19 autres.
3 août : les forces israéliennes ont bombardé les écoles al-Hamama et Al-Huda, qui abritent des personnes déplacées dans le quartier de Sheikh Radwan, à l’ouest de la ville de Gaza, tuant 17 personnes, dont des enfants et des femmes, et en blessant 60 autres.
1er août : les forces israéliennes ont bombardé l’école Dalal al-Maghrabi dans le quartier de Shujaiya à l’est de la ville de Gaza, tuant 15 Palestiniens et en blessant 29 autres.
Selon le gouvernement palestinien, Israël a frappé au moins 172 abris désignés, principalement des écoles, abritant des milliers de familles déplacées depuis le début de la guerre en octobre 2023.