Au Burundi, le maire de Bujumbura a interdit, vendredi 9 juin, l’organisation d’une conférence de presse du groupe parlementaire Amizero y’abarundi. Ils sont une trentaine de députés, issus de l’ex-rébellion hutu des Forces nationales de libération (FNL) d’Agathon Rwasa, d’une part et de l’ancien parti unique majoritairement tutsi, l’Union pour le progrès national (Uprona), d’autre part. Le maire de la capitale a expliqué que cette coalition n’avait pas d’existence légale et que par conséquent, à ce titre, ses députés ne pouvaient s’exprimer publiquement. Du côté des FNL, on parle de décision dictatoriale et absurde.
Le couperet est tombé vendredi soir. Raison invoquée par le maire de Bujumbura : Amizero y’abarundi est une coalition formée pendant la période électorale de 2005 et n’a pas de personnalité juridique, au regard de la loi.
Amizero y’abarundi, « Espoir des Burundais », en langue nationale, a été créé par deux partis, interdits à l’époque, pour contourner justement cette interdiction. Depuis, et même si officiellement les partis boycottaient les élections de 2015, la coalition a obtenu une trentaine de députés et fait son entrée au gouvernement.
Aujourd’hui, ces élus refusent de s’exprimer et tous disent craindre pour leur vie. Aussi, c’est une personnalité en exil qui a réagi.
« Je pense que la coalition de Amizero y’abarundi est une coalition qui est légale, qui est reconnue, même au sein de l’Assemblée nationale. Ces décisions montrent clairement que l’espace politique au Burundi est complètement verrouillé. Personne, aujourd’hui, ne peut s’exprimer lorsqu’il n’est pas du parti au pouvoir », a déclaré Aimé Magera, porte-parole en exil des FNL d’Agathon Rwasa.
Ce porte-parole estime que le pouvoir burundais a voulu faire taire les députés et les empêcher de dénoncer notamment les nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires ou de disparitions forcées dont sont victimes les membres du parti d’Agathon Rwasa.
rfi.fr