Six mois après la mort du jeune poissonnier Mouhcine Fikri dans la ville d’Al-Hoceima, dans le nord du Maroc, la justice a rendu son verdict. Des onze personnes présentées à un juge d’instruction après le drame, en octobre 2016, sept ont été condamnées, mercredi 26 avril, à des peines allant de cinq à huit mois de prison ferme, et à une amende de 500 dirhams (50 euros), a annoncé dans un communiqué le procureur du roi dans la région.
A l’époque, le drame avait provoqué une onde de choc dans tout le pays, en raison des circonstances particulièrement atroces du décès du jeune Marocain. Agé d’une trentaine d’années, Mouhcine Fikri était mort broyé dans une benne à ordures alors qu’il voulait s’opposer à la destruction de sa marchandise – de l’espadon acheté illégalement –, saisie par des agents de la police locale. La scène avait été filmée et la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
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Des dizaines de milliers de personnes avaient alors manifesté, à Al-Hoceima et dans d’autres villes, pendant plusieurs jours, pour dénoncer les circonstances de ce drame, les abus de pouvoir de la part des autorités, et plus largement des conditions de vie difficiles dans une région enclavée, en proie aux problèmes économiques et historiquement marginalisée.
Tensions persistantes
Les autorités avaient agi très rapidement pour tenter de calmer la colère populaire : onze personnes, dont des responsables de l’administration des pêches, des fonctionnaires du ministère de l’intérieur et des employés de la société de nettoyage, avaient été poursuivies, notamment pour falsification de documents officiels et homicide involontaire, et huit d’entre elles incarcérées. Selon le communiqué officiel, quatre autres personnes – dont le caïd (représentant du ministère de l’intérieur) – ont été acquittées. Les parents de la victime ont obtenu une indemnisation. Le parquet a fait appel de ce jugement, prononcé à l’issue de deux jours de procès.
Ce verdict très attendu pourrait toutefois ne pas suffire à calmer les esprits. A Al-Hoceima et dans les localités alentour, les mouvements de protestation n’ont jamais réellement cessé depuis octobre, mêlant revendications sociales – contre le chômage et la corruption – et politiques liées à la région du Rif, dont l’histoire a été marquée par des périodes de répression et de rébellion vis-à-vis du pouvoir central.
Fin mars, des manifestants avaient attaqué à coups de pierre une résidence de la police vers Imzouren, une localité proche d’Al-Hoceima, et avaient mis le feu aux abords du bâtiment. Il avait fallu l’intervention des forces de l’ordre pour rétablir le calme. Signe de la nervosité des autorités sur ce dossier, le gouverneur a été limogé peu après ces incidents. Cette décision devrait contribuer à « créer une nouvelle atmosphère » et à « répondre aux attentes des citoyens pour le développement de la région », avait alors expliqué à l’AFP une source au ministère de l’intérieur. Lundi 10 avril, c’est le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement marocain, qui s’est rendu sur place, insistant notamment sur la mise en place de nouveaux projets de développement pour la province.
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